Denise Mannoni
(1918-2003)
Il y a des artistes que l’on redécouvre avec enchantement et Denise Mannoni en fait partie.
Artiste autodidacte, Denise Mannoni grandit à Madagascar et s’imprègne aussi bien de la nature luxuriante, de l’émerveillement exotique, que de la pensée libre d’un père professeur de philosophie, puis psychanalyste et ses précieux ouvrages sur l’art moderne. Dès 1938, elle met au point une technique de peinture au couteau et élabore ses premières compositions. Interrompue par l’effort de guerre, puis par les mouvements d’indépendance à Madagascar, Denise Mannoni rentre en France en 1948. Si le retour sur le continent est difficile, son mariage lui permet de retrouver une stabilité propice à la création. Le Paris artistique des années 1950 est bouillonnant, et l’artiste se familiarise avec les galeries, les musées, et les oeuvres de Brauner, Picasso et Klee. Elle s’initie à la céramique, et se joint à un groupe de jeunes artistes autour de Francine Delpierre.
En marge des courants de l’époque, l’artiste voit dans la peinture l’expression d’un monde secret peuplé de symboles au rayonnement onirique. On peut y apercevoir un dialogue intérieur, où les figures flottent dans un univers merveilleusement poétique. Si la peinture apparait jubilatoire et lumineuse, elle présente toujours une pointe de mélancolie. Peindre est en réalité un besoin vital de s’évader dans un imaginaire, loin de la froideur de la métropole. Sincère et étrangère à toute idée de séduction, Denise Mannoni nourrit sa mythologie d’une frénétique inventivité. L’artiste expose à partir de 1961 à la Galerie Git-le-Coeur (Pierre Weiler), et en 1964 à la Galerie Michel Boutin, et fait rapidement le choix de la fidélité en présentant ses oeuvres de manière quasi exclusive à la Galerie Valérie Schmidt de 1967 à 1997. On peut néanmoins note une exposition à Pittsburg, USA en 1969 et une exposition posthume chez John Adams Fine Art à Londres.